Le Coran et la Sunna sont les principales sources de législation en Islam. La vie du musulman est donc régies par celles-ci. La sunna revêt plusieurs définitions linguistiques et religieuses. Recommandée ou obligatoire, zoom sur les différentes terminologies de la sunna.
La sunna : signification et définitions
1. Signification linguistique
Dans la langue arabe, le mot ” as-sunna” dont le pluriel est “sunan”, signifie : route, chemin emprunté. Et parmi ses utilisations linguistiques on trouve également “fait” ou “façon de faire”.
Ainsi, on dit : “Tu as suivi la sunna d’untel” lorsque tu l’as imité dans un fait précis ou dans une façon de faire.
L’on note ici, que d’un point de vue strictement linguistique, l’utilisation du terme “sounnah” ne revêt ni de connotation positive, ni négative. Elle est générale, et c’est pour cela que dans le sens linguistique, elle peut donc aussi bien être bonne que mauvaise.
2. Définitions terminologiques
La définition du mot sunna diffère selon le domaine d’utilisation.
> La sunna chez les spécialistes du Hadith
Chez les spécialistes du Hadith, la sunna se définit comme étant :
« Ce qui a été attribué au prophète ‘alayhi salât wa salam, comme parole, acte, approbation ou description physique ou comportementale ».
Explication de la définition
Les spécialistes du Hadith considèrent comme sunna tout ce qui fut attribué au prophète ‘alayhi salât wa salam comme :
- Paroles : lorsqu’un témoin dit par exemple “j’ai entendu le prophète ‘alayhi salât wa salam dire : “Craignez Allah…””
- Actes : lorsqu’un témoin dit par exemple : J’ai vu le prophète ‘alayhi salât wa salam faire ses ablutions…”
- Approbation : lorsqu’un témoin dit avoir fait, ou vu faire un acte quelconque, ou avoir dit ou entendu dire une parole quelconque, en présence du prophète ‘alayhi salât wa salam sans que celui ci ne le désapprouve, ne le condamne ni ne blâme son auteur. Ceci est donc considéré comme une approbation de sa part et donc cette parole ou cet acte sera nommé “sunna” chez les spécialistes du hadith puisque le prophète ‘alayhi salât wa salam l’a approuvé.
- Description physique : lorsque le témoin dit par exemple “le prophète ‘alayhi salât wa salam avait les cheveux longs…”. Cette catégorie est considérée auprès des spécialistes du Hadith comme étant une sunna puisqu’il est attribué au prophète ‘alayhi salât wa salam.
- Comportementale : lorsque le témoin dit par exemple : “le prophète ‘alayhi salât wa salam venait en aide à ceux qui en avaient besoin”
> La sunna chez les spécialistes des fondements de la jurisprudence
Chez les spécialistes des fondements de la jurisprudence (oussoul Al fiqh) la sounnah est plus restreinte et est définie comme étant :
« Ce qui est rapporté du prophète ‘alayhi salât wa salam comme parole, acte ou approbation pouvant servir de preuve».
Explication de la définition
La première partie de la définition est la même que celle des spécialistes du hadith. La différence est que la parole, l’acte, ou l’approbation, peuvent être une preuve dans l’argumentation d’un avis juridique.
Exemple :
Lorsque le témoin dit : « Le Prophète ‘alayhi salât wa salam a fait les ablutions deux fois ».
On déduit alors de ce texte qu’il est permis au musulman de se contenter de laver chacun de ses membres deux fois seulement durant les ablutions. L’acte sert de preuve d’argumentation.
Le contenu de ce texte est considéré donc comme sunna chez les spécialistes des fondements de la jurisprudence puisqu’il permet la déduction d’un jugement dont il est la preuve ou l’une des preuves. (Ici, il s’agit d’une permission mais cela peut être une obligation, ou une recommandation…).
> La sunna chez les spécialistes de la jurisprudence (le fiqh)
La sunna est définie comme étant:
« Ce qui fait l’objet d’une injonction dénuée de caractère impératif ».
Explication de la définition
Les actes et les paroles en islam se divise en trois catégories :
- Ce qui fait l’objet d’une injonction (une exigence de faire),
- Ce qui fait l’objet d’une prohibition (une exigence de ne pas faire),
- Ce qui ne fait l’objet ni d’injonction ni de prohibition.
Et chaque acte, chaque parole, entre obligatoirement dans l’une de ces trois catégories.
1. Les actes obligatoires
Il existe dans cette première catégorie, à savoir celle qui fait l’objet d’une injonction complète, deux sous-catégories :
1.1. Ce qui fait l’objet d’une injonction à caractère impératif :
On entend par là un acte dont son accomplissement par obéissance entraîne une récompense (cette précision exclut ce qui est fait par habitude ou autre. Par exemple : porter un voile par coutume) et son délaissement injustifié (cette précision exclut le délaissement justifié. Par exemple : délaisser le jeûne pour cause de maladie) mérite une sanction. Il est important ici d’employer le mot « mérite » car Allah peut pardonner à qui Il veut. L’injonction est donc ce que l’on appelle communément « l’acte obligatoire ».
- Exemple d’acte obligatoire: le jeûne du mois de ramadan.
Son accomplissement par obéissance entraîne une récompense et son délaissement injustifié mérite une sanction.
1.2. Ce qui fait l’objet d’une injonction à caractère non impératif
Ici, dans le cas de l’injonction à caractère non impératif, l’accomplissement de l’acte par obéissance entraîne une récompense et son délaissement non justifié ne mérite pas de sanction. C’est ce que l’on appelle communément « le recommandé » ou « la sunna ».
Exemple d’acte dit « recommandé » ou « sunna » : l’utilisation du siwak.
2. Les actes interdits
Cette seconde catégorie se divise également en deux sous- catégories :
2.1 Ce qui fait l’objet d’une prohibition à caractère impératif
Ici, le délaissement, l’éloignement de cet acte par obéissance entraîne une récompense et son accomplissement mérite une punition. C’est ce que l’on appelle « l’interdit », « le harâm ».
Exemple d’acte « haram » : Boire de l’alcool.
2.2. Ce qui fait l’objet d’une prohibition dénuée de caractère impératif
Le délaissement de cet acte par obéissance entraîne une récompense et son accomplissement ne mérite pas de punition. C’est que l’on appelle aussi « le détestable », « al-makruh ».
Exemple d’acte détestable : Donner ou recevoir un objet de main gauche.
3. Les actes permis sans injonction ni interdiction
Cette catégorie englobe ce qui ne figure pas dans les catégories précédentes. C’est ce que l’on appelle communément “”le permis”.
Exemple d’acte permis : Commercer, voyager etc.
> La sunna chez les fouqahas (jurisconsultes)
Les fouqahas définissent la sounna comme étant : “ce qui fait l’objet d’une injonction, d’une exigence de faire (dénuée de caractère impératif). C’est ce que l’on appelle communément “un acte recommandé”.
> La sunna chez les spécialistes du dogme
Pour les spécialistes du dogme la sunna signifie : ”Ce qui s’oppose à l’innovation”. Ils entendent par innovation : “ toutes les dérives sectaires ayant apparu et dont les auteurs et suiveurs ont délaissé la voie prophétique dans un ou plusieurs sujets fondamentaux”.
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Ainsi, la sunna revêt plusieurs significations selon les spécialités. Nous aborderons dans un prochain billet les sunnans délaissées in shâ Allah. Quels sont ces actes, certes surérogatoires mais qui ont de grands mérites ? Pourquoi est-il bénéfique pour le musulman de revivifier les sunnans délaissées ? La suite, dans notre prochain article in shâ Allah.